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Meurtre à Alcatraz

TITRE: Meurtre à Alcatraz

REALISATEUR: Marc Rocco

ACTEURS PRINCIPAUX: Kevin Bacon, Christian Slater, Gary Oldman

GENRE: drame

ORIGINE: français, américain

ANNEE: 1995

DUREE: 2h02

 

Meurtre à Alcatraz fait partie de ces films qui veulent montrer au public ce qui lui est impossible de voir : la vie à l’intérieur des murs d’une prison. Et pas n’importe quelle prison mais le plus célèbre des pénitenciers du monde.

 

Le film se sert d’Henry (ou Henri, qui serait un alias) Young, un prisonnier ayant réellement séjourné à Alcatraz, pour condamner les traitements inhumains des pensionnaires. Le jugement d’Henry pour le meurtre d’un autre détenu n’aurait dû prendre que quelques minutes pour être rendu, puisqu’il reconnait les faits qu’attestent près de deux cents témoins oculaires, et ne pas faire de vague mais l’avocat du condamné en décida autrement.

 

Et si Henry n’avait été que le bras armé d’un système carcéral inapproprié ? Serait-il possible qu’il n’ait été qu’une victime de ce mécanisme pénitentiaire aux rouages pourris ? Ces questions, James Stamphill ne les gardera pas pour lui mais s’en servira pour muer le jugement de son client en une inquisition contre les prisons du pays. La presse ne manquera pas non plus de saisir l’affaire et l’attention de toute l’Amérique se retrouvera rapidement focalisée sur cette affaire.

 

La réalisation technique est irréprochable. Les décors et costumes nous plongent totalement dans une Amérique des années trente et certaines séquences du long-métrages imitent même à merveilles les reportages de l’époque. Sans oublier la bande son qui colle parfaitement avec les émotions et les amplifie.

 

Mais ce n’est pas là ce qui retiendra votre attention. Ce qui fait la singularité de ce film est le procès : le cœur de l’action se passe dans cette salle d’audience. Et c’est cela qui va vous garder en haleine, vous enfoncer dans votre fauteuil et vous faire oublier tout ce qui vous entoure tellement vous serez attentif à chaque mot des avocats, à chaque déclaration des témoins.

 

On peut comparer un tribunal à un échiquier où chaque partie joue une couleur et où les témoignages, preuves et raisonnements sont des pièces à avancer pour triompher de l’adversaire. Cette métaphore semble écrite pour ce film. La bataille que se livrent les deux parties vous hypnotisera !

 

Mais l’histoire n’est seule responsable de ce coup de maître. Les acteurs y sont aussi pour beaucoup. Le rôle de Henry s’avère être un défi très complexe que Kevin Bacon relève avec brio. Le comédien sert là une performance intense pour le spectateur. Son regard et sa voix ne vous lâcheront pas de tout le film. Un grand acteur ! Christian Slater, qui joue son avocat, est lui aussi remarquable.

 

Le style narratif est intéressant : toute l’histoire est racontée au travers du regard de l’avocat qui raconte ce qu’il sait d’Henry et ce qu’ils ont vécu ensemble durant ce procès. Cela crée une mise à distance du prisonnier et le rend encore plus victime passive car il ne s’exprime que très rarement pour lui-même et il n’est quasiment jamais seul à l’écran.

 

Un détail qui m’a interpelé est la traduction du titre qui est en anglais Murder in the first, pour meurtre au premier degré, c'est-à-dire avec préméditation. Tandis qu’en France c’est Meurtre à Alcatraz. Je trouve qu’il y a un fossé entre les deux concepts. Pourquoi n’avons-nous pas gardé l’esprit américain comme l’a fait le Québec ?

 

Ce film apparaît comme une nouvelle dénonciation des vices du système gouvernemental mais attention à ne pas vous laisser prendre au piège. Très peu de ce qui fait l’intrigue de ce scénario est vrai. Certes Henry Young a existé, toutefois il ne fut pas emprisonné pour le vol de 5$ mais pour plusieurs braquages de banques et prise d’otage. De plus il commit un meurtre avant d’être incarcéré à Alcatraz, qui n’était pas sa première expérience en matière de prison. Il ne fut pas non plus enfermé trois ans durant dans une cellule sous terre.

 

Un très bon film dont le suspense vous tiendra en haleine jusqu’au générique de fin. A voir et à revoir (en VO), ne serait-ce que pour la prestation de Kevin Bacon !

 

Pierre

 


par LiloonandBruce



07/04/2012
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